lundi 23 avril 2012

Vladimir Sorokine : Eloge de la nature et des fleurs dans Roman (suite)

Cet article renvoie à un précédent billet du 17/04/2012: "Eloge des fleurs des champs par Vladimir Sorokine", où l'auteur dans son roman intitulé "ROMAN", m'impressionnait par ses superbes descriptions de la nature et de la campagne russe.

J'ai depuis terminé ce roman, dont le résumé de couverture indiquait que le lecteur devrait affronter "un dénouement stupéfiant" qui le laisserait "effaré".
De fait, hier soir, à la lecture de la fin du roman: effarement, tripes nouées, dégoût, cauchemar, incompréhension, incrédulité... Sentiments qui m'ont amenée à relire les premières pages du roman pour y déceler quelques éclairages rétroactifs...
Je reparlerai de tout cela quand je serai en mesure de rédiger un billet sur ce roman, avec un peu plus de recul et en espérant que les visions atroces de la fin se seront entre-temps quelque peu dissipées de mon esprit.

Je reviens donc aux premières pages du roman que j'ai relues "après coup", et qui m'ont permis si je puis encore m'exprimer ainsi à propos de ce livre, de me délecter de la prose de l'auteur dans ses descriptions de la nature, et en l'occurrence dans l'introduction: l'atmosphère, le calme, la félicité qui règnent dans un cimetière russe "envahi d'herbes folles, à l'orée d'un petit village".
Tableau de fleurs champêtres peint
par ma grand-tante Germaine, née il y a près d'un siècle

Extraits (pages 1 et 2) :
"Que de broussailles à l'entour !
Quelle désolation, quel triomphe, aussi, de la vie sur la mort !
Une herbe dense, succulente, recouvre tout. Comme elle est belle, vigoureuse, multiple !
Là poussent le millepertuis et l'épilobe, la menthe et l'origan, le polytric et la tanaisie.
La fraise des bois prend ses aises, tapis bouclé, sur les tertres presqu'imperceptibles des tombes, jouant des perles pourpres de ses fruits; la fougère masque les croix vermoulues de ses feuilles ciselées, l'ortie se hausse du col, dépassant les petites enceintes rouillées des sépultures."
(...) Sous les larges frondaisons règnent la paix et la fraîcheur. Le soleil de midi y pénètre à peine, risquant, de temps en temps, un mince rayon sur une traversée suédée, avant de s'abîmer dans l'abondante verdure.
Que l'on est bien, ici ! Que librement et tranquillement l'on respire ! L'on est saisi, soudain, par l'envie de s'asseoir dans l'herbe, de s'adosser au tronc bossué d'un vieux bouleau et d'écouter, d'écouter encore et encore le murmure sans fin des arbres, oubliant tout le périssable, le futile, l'éphémère.
Odeurs de fraises des bois, de décomposition, parfum des fleurs de la forêt. Les oiseaux se répondent dans les vertes hauteurs. Un gros bourdon zonzonne sur la blancheur rosée d'une fleur de trèfle".

Voir aussi :
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